Nous nous sommes rendus à Cargèse. Nous y passerons le jour de notre retour, mais nous ne sommes pas sûr de pouvoir nous y arrêter.
À peine plus de mille habitants vivent à Cargèse en Corse mais son histoire est plus riche et mouvementée que bien des grandes villes ! En bord de mer et perchée sur son belvédère de la côte ouest, Cargèse a su, depuis l’installation d’une colonie grecque à la fin du XVIIe siècle, élaborer une vie communautaire originale tout en préservant ses traditions.
Des migrants venus de Grèce qui demandent à s’installer en Corse. Des habitants inquiets que cette nouvelle population s’intègre mal et pèse sur le marché du travail. Il y a trois siècles, les problématiques qui agitent aujourd’hui l’Europe étaient déjà monnaie courante. Dans le cas en question, il s’agissait d’une communauté de Grecs du Péloponnèse, originaires de Vitylo (aujourd’hui Oitylo), dans la péninsule du Magne, qui entendaient se soustraire à la domination ottomane contre laquelle ils s’étaient battus.


60 km aujourd’hui


Le Port de plaisance

Les deux églises se font face (vues du port).
Aujourd’hui, à Cargèse, les fracas de l’histoire se sont tus. Les deux églises, construites au XIXe siècle, à cinquante ans d’intervalle, se font face. Dans une scénographie théâtrale, sur un promontoire, elles sont bordées de palmiers et d’oliviers. Toutes deux sont le résultat d’une vraie ferveur : c’est une souscription qui lance l’église latine, qui mettra plus d’un quart de siècle à être construite. Quant à l’église grecque, achevée en 1874, ce sont les fidèles eux-mêmes qui y travaillent le dimanche après la messe, jusque dans la nuit.
Autrefois rivales, elles sont aujourd’hui solidaires. On y a même assisté à une situation impensable ailleurs en ces temps de crispation religieuse : jusqu’à sa retraite en 2010, monseigneur Marchiano a assuré l’office dans les deux rites (dont l’un en grec ancien !) Et lors des grandes dates du calendrier – la fête du basilic (14 septembre, rappelant la découverte de la Vraie Croix par Hélène, guidée par l’odeur du basilic), la Saint-Spiridon (12 décembre), la Saint-Antoine-Abbé (17 janvier) ou le lundi de Pâques, c’est tout le village qui participe. De quoi en tirer une belle parabole : quand la religion unit plutôt que divise.


Jade sur le port

Chapelle dominant le port


L’église Saint-Spyridon (San Spiridionu en corse), dite grecque, est un édifice de style néo-gothique, comportant une façade blanche avant soutenue par des contreforts et couronnée d’un clocher.
L’intérieur est majestueux. De style néo-classique, il se compose d’une nef séparée du sanctuaire par une iconostase (cloison en bois finement et richement décorée), œuvre d’un atelier romain pour l’église du monastère Santa Maria di Grottaferrata et qui a été offerte à l’église grecque de Cargèse en 1886, par Mgr Siméoni.

Appelée aussi église Sainte-Marie, l’église de l’Assomption (Santa Maria Assunta), dite latine, fut édifiée entre 1822 et 1828, pour les cargésiens et cargésiennes catholiques.
L’église comporte une façade avant peinte en jaune et blanc et comporte deux chapelles latérales.
L’intérieur est de style baroque et compte de nombreux trompe-l’œil.
L’église de l’Assomption est posée sur une grande terrasse, face à l’église Saint-Spyridon, qui offre un panorama grandiose sur le golfe de Sagone.


Magnifique plage de Peru à Cargèse